2025, une année cruciale pour nous, agriculteurs

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2025 s’annonce en effet comme une année décisive pour l’avenir de notre agriculture et plus largement, pour la profession agricole. 

Nous sommes depuis de nombreuses années, et c’est encore plus vrai aujourd’hui au regard de nombreux facteurs (aléas climatiques rudes, compétitivité, etc.), demandeurs de nouvelles solutions, d’alternatives pour continuer à produire, à assumer notre responsabilité de nourrir les Français.

A l’échelle de l’Union européenne, un règlement très attendu sur les nouvelles techniques génomiques (NGT) fait toujours l’objet de discussions. Des études scientifiques ont beau démontré à plusieurs reprises que l’encadrement stricte des NGT permettrait d’éviter tout risque pour la consommation, la santé humaine,… Il fait toujours l’objet de réticences de certains pays et d’attaques perpétuelles d’ONG militantes. Assimilation aux OGM (les NGT seraient des « OGM cachés »), risque pour la biodiversité et l’agriculture paysanne, mainmise  de «l’agrobusiness » sur les semences, manque de recul scientifique,… Si certains débats s’entendent et sont légitimes – ils ont d’ailleurs fait l’objet de discussions et de réponses scientifiques – d’autres sont imbibés de militantisme, souhaitant « empêcher la déréglementation de ces techniques au niveau européen ».

Notre métier est l’un des plus contrôlés qu’il soit. Des semences que nous utilisons aux pratiques que nous déployons dans nos champs, chaque étape est scrutée, analysée, régulée. Ce niveau d’encadrement garantit non seulement la sécurité des consommateurs, mais aussi le respect de l’environnement.

Nous avons aujourd’hui besoin de simplification et de solutions innovantes pour répondre à des défis immenses : le changement climatique, les ravageurs toujours plus résistants, les attentes des consommateurs et la nécessité de produire mieux avec moins. Les NGT sont une des clefs de réponse de ces défis : des cultures plus résistantes aux maladies, nécessitant moins d’intrants chimiques, ou encore mieux adaptées aux conditions climatiques actuelles.

Notre vœu pour 2025, en tant qu’agriculteurs, est simple : qu’on nous laisse travailler ! Nous avons toujours montré notre engagement pour une agriculture plus respectueuse.

Formulons un 2e vœu : que les faucheurs volontaires qui n’ont jamais travaillé dans un champ cessent de nous donner des leçons.

Traçabilité des VTH, dénonciation d’ « OGM cachés », … une saga sans fin qui fragilise plusieurs filières agricoles.

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Le Conseil d’État a constaté, dans une décision rendue le 23 octobre,  que l’État n’aurait pas rempli l’injonction « d’adopter des mesures permettant d’assurer la traçabilité de l’usage des semences de variétés rendues tolérantes aux herbicides (VrTH) jusqu’à l’utilisation finale des cultures ».

Le Conseil d’Etat reprend notamment l’avis de l’Anses (en date de 2019) dans lequel l’Agence met en avant le risque lié à l’utilisation de ces variétés :  développement de résistances des mauvaises herbes, et donc augmentation de l’utilisation de produits phytosanitaires. Elle recommandait par ailleurs la mise en place d’un dispositif de suivi afin de surveiller les éventuels effets indésirables liées aux VrTH.  Il faut noter que le Conseil d’Etat s’appuie sur une recommandation de l’agence sanitaire… Ce qui est somme toute curieux pour dire le droit… !

« Aucun décret n’a cependant été adopté sur ce fondement, et l’État n’a pas précisé ses intentions à cet égard, ou les mesures équivalentes de nature à répondre à la recommandation d’assurer la traçabilité de l’usage de semences VRTH », peut-on lire dans la décision du Conseil d’Etat.

Inquiétude des professionnels agricoles sur le devenir des VTH et de leur utilisation

Les Variétés Tolérantes aux herbicides (VTH ou VRTH) sont issues de la technique de la mutagénèse – technique qui bénéficie à toutes les agricultures. On ne le dira jamais assez la bio comme l’agriculture raisonnée en bénéficient même si ce n’est pas le sujet qui nous occupe totalement ici. Elles permettent de mener une lutte raisonnée (et une vraie lutte !) contre les mauvaises herbes, notamment contre l’ambroisie, plante allergène, en réduisant les utilisations de désherbants. Dans nos champs, la biodiversité est tout autant préservée avec ces solutions qu’avec celles utilisées habituellement pour les tournesols non VrTH par exemple.

Si nous, agriculteurs, entendons la volonté de prévenir les risques liés à l’utilisation de ces variétés, nos filières ont toujours travaillé avec les pouvoirs publics sur plusieurs points (résistance, etc….). Tiens d’ailleurs la question des résistances est toujours notre préoccupation comme un bon médecin fait attention à ne pas toujours prescrire des antibiotiques ! En revanche, nous sommes opposés à la traçabilité des VTH jusqu’à la parcelle cultivée. Devons-nous nous attendre à de nouvelles destructions de parcelles ?  A des saccages ?

Pression et opportunisme des associations environnementalistes

La conclusion du Conseil d’Etat a été saluée par la Confédération paysanne, une des organisations plaignantes avec le Réseau Semences Paysannes, Les Amis de la Terre et la Fédération Nature et Progrès : « Nous exigeons l’application immédiate par le gouvernement des injonctions du Conseil d’État » […]  « Il ne sera plus possible de cultiver des VRTH sans le savoir (…). C’est un pas essentiel pour protéger les droits des paysans et des citoyens, l’autonomie semencière étant la base de la souveraineté alimentaire et le principe de précaution garantissant la protection de la santé et de la biodiversité. »

Malgré nos explications rationnelles, fondées sur des données agronomiques, ces organisations pensent toujours que les VTH sont des « OGM cachés », « toutes ces techniques n’étant pas aléatoires », dénoncent-elles. Il faudrait pour cela qu’elles pratiques l’agriculture et l’agronomie. Mais tout cela est bien loin de leur siège social…

Leur propagande balaie d’un revers de main plusieurs enjeux – environnemental, agronomique et sanitaire – primordiaux pour la France. Marre des Faucheurs espère que les pouvoirs publics sauront adopter une position de bon sens, dénuée de considérations idéologiques.

L’ambroisie se développe et menace nos cultures : il faut agir !

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L’ambroisie, une plante invasive originaire d’Amérique du Nord, pose depuis plusieurs années un sérieux problème en France, tant pour la santé publique que pour l’agriculture. Cette plante prolifère rapidement, notamment dans les sols laissés à nu, et son pollen est extrêmement allergisant. Entre 1 et 3,5 millions de personnes en France souffrent d’allergies causées par l’ambroisie.

Pour nous, agriculteurs, l’ambroisie représente une réelle menace directe pour les cultures. Sa capacité à envahir nos champs peut entraîner des pertes de rendement significatives. La gestion et les coûts associés de cette plante envahissante exercent une pression économique supplémentaire sur nos exploitations agricoles. L’été 2024 ne nous a pas épargné. Les observatoires et remontées de terrain ont montré que l’ambroisie progressait géographiquement.

Des initiatives ont été mises en place pour lutter contre l’ambroisie, comme des plateformes de signalement permettant aux agriculteurs de demander de l’aide et de coordonner les efforts de lutte. Cependant, la lutte contre cette plante reste complexe et nécessite des interventions répétées, notamment avant la pollinisation et la maturation des graines.

Aussi, malgré les alertes lancées auprès des autorités publiques, l’ambroisie continue de se développer et de menacer nos cultures des solutions innovantes pour limiter son impact. La recherche et l’adoption de nouvelles techniques, telles que les Variétés Tolérantes aux Herbicides (VTH), pourraient offrir des moyens plus efficaces de gérer cette menace et de protéger à la fois la santé publique et les rendements agricoles.

Encore faut-il que la réglementation soit favorable à l’utilisation de ces techniques !

NGT : les agriculteurs en ont toujours besoin !

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En avril, le Parlement européen a adopté sa position sur le règlement NGT. Il a fait le choix de l’innovation avec un accès aux NGT encadré.

Pourtant, à la veille d’une réunion technique en juillet, la présidence hongroise a fait part d’une note informelle remettant en question certains points qui avaient déjà été discutés (étiquetage, traçabilité). Marre des Faucheurs espère que les négociations, qui tardent à reprendre, se feront sur la base des travaux déjà menés par les précédentes présidences, bien plus favorables au NGT.

Pourquoi ? L’innovation est essentielle pour notre agriculture :

  • Le changement climatique pose des défis majeurs à l’agriculture, avec des phénomènes météorologiques extrêmes devenant plus fréquents. Les NGT permettent de développer des cultures plus résistantes à la sécheresse, aux inondations et à d’autres conditions climatiques extrêmes, aidant ainsi les agriculteurs à s’adapter aux nouvelles réalités climatiques.
  • Les NGT peuvent aider à créer des variétés de plantes nécessitant moins de ressources, réduisant ainsi l’empreinte écologique de l’agriculture.
  • La réglementation doit également garantir la sécurité des consommateurs et de l’environnement tout en encourageant l’innovation et l’investissement dans la recherche agricole.

Comme mentionné et revendiqué plusieurs fois par le monde agricole, l’adoption de ce règlement permettrait entre autres de garantir et de pérenniser l’utilisation des variétés tolérantes aux herbicides (VTH), incontournables dans la lutte contre l’ambroisie qui touche les cultures de tournesol et de colza. Mauvaise herbe, invasive et hautement allergène, l’ambroisie est présente dans plusieurs régions de France.

Le tournesol, cultivé sur plus de 500 000 hectares, contribue à assoir son l’indépendance en protéines végétales de la France. Ses avantages : favorable à l’agronomie, demande peu d’eau, bénéfique aux abeilles (ressources mellifères).  Il est donc essentiel de maintenir ces surfaces.

Ces VTH représentent quant à elles en France au minimum 30% des surfaces de tournesol et 2 à 5% des surfaces de colza.

Le Collectif Marre des Faucheurs espère donc que l’issue des négociations sera favorable à l’utilisation des NGT.

NGT : les agriculteurs en ont besoin !

Aujourd’hui, 24 avril, les eurodéputés vont devoir confirmer leur position sur la proposition de règlement sur les nouvelles techniques génomiques (NGT). Le Parlement européen avait en effet adopté son mandat au début du mois de février et fait le choix de l’innovation avec un accès aux NGT encadré.

En pleine crise agricole, dans toute l’Europe et particulièrement en France, ce choix de l’innovation n’est pas anodin : c’est la prise en compte de la réalité de terrain et des besoins de nouvelles solutions innovantes pour relever les enjeux de l’agriculture – changement climatique, changement des pratiques agricoles, disponibilité des ressources – ainsi que celui de la souveraineté alimentaire.

De manière très concrète, pour nous agriculteurs, l’adoption de ce règlement permettrait entre autres de garantir l’utilisation des variétés tolérantes aux herbicides (VTH), incontournables dans la lutte contre l’ambroisie qui touche les cultures de tournesol et de colza. Mauvaise herbe, invasive et hautement allergène, l’ambroisie est présente dans plusieurs régions de France.

  • Le tournesol, cultivé sur plus de 500 000 hectares, contribue à assoir son l’indépendance en protéines végétales de la France. Ses avantages : favorable à l’agronomie, demande peu d’eau, bénéfique aux abeilles (ressources mellifères).  Il est donc essentiel de maintenir ces surfaces.
  • Ces VTH représentent quant à elles en France au minimum 30% des surfaces de tournesol et 2 à 5% des surfaces de colza.

Ces variétés VTH sont donc incontournables. Sans VTH, la SAU de tournesol s’affaisserait.

Le Collectif Marre des Faucheurs espère que les nombreux débats sur ce sujet ces derniers mois ont permis le basculement d’un discours exclusivement militant et idéologique vers un raisonnement éclairé, conscient des enjeux agronomiques, sanitaires, environnementaux, de la sphère politique et de l’opinion publique. Il en va de l’avenir du plan « protéines », cher au gouvernement, et plus largement de notre agriculture.