Dans le dernier numéro de la revue Silence, journal engagé et militant s’il en est, Mireille Lambertin, membre des faucheurs volontaires, défend l’action des militants contre le programme Genius. Précisons que les actions des faucheurs volontaires se sont multipliés ces derniers mois contre ce projet de recherche financé par un partenariat public-privé qui porte sur 9 espèces cultivées.
Mireille Lambertin commence par évoquer un « déni de démocratie » en précisant « qu’il n’y a toujours pas de débat sur les OGM ». Voilà qui est fort de café puisque ce sont les militants radicaux anti-OGM, parmi lesquels les faucheurs volontaires occupent une place de choix, qui refusent tout débat autour des OGM. Comment Mireille Lambertin peut-elle oser se plaindre d’un déni de démocratie dont elle et ses amis sont les premiers et principaux responsables ? Alors que franchement sur le sujet des OGM, il n’y a jamais eu autant de débat non ? Pour notre part, la question n’est pas d’être pour ou contre les OGM mais de pouvoir échanger, dialoguer sans se jeter des invectives ni même voir des OGM partout (tiens par exemple des OGM qui seraient cachés !) ou sans recourir à la violence comme le font les faucheurs.
Elle dénonce ensuite « le double discours de l’Etat qui sous la pression citoyenne légifère pour interdire la culture de maïs transgénique mais qui parallèlement laisse se développer la culture des VrTH. » Là encore, quelle hypocrisie et quel double discours puisque Mireille Lambertin mélange tout. Elle sème intentionnellement la confusion en regroupant deux techniques bien distinctes : la transgénèse (OGM) et la mutagénèse (VrTH). Cela ne l’empêche pas de dénoncer une « manipulation » ! Laquelle ? Que Genius associe des philosophes de l’université de Lyon 3 pour parler d’éthique. Ce n’est pourtant pas inutile en matière de recherche scientifique, quelle qu’elle soit. Mais pour Mireille Lambertin, tout ce qui sort de sa ligne n’a pas droit de citer. Exit donc les philosophes… et tant pis pour l’éthique !
Passons sur les dernières critiques formulées contre Genius, « une vision erronée du vivant » et « l’irresponsabilité des décideurs politiques », qui ne sont pas argumentées mais assenées comme des vérités de foi !
Dans la suite de son interview, Mireille Lambertin s’auto-caricature par des propos d’une radicalité sans nom. Morceaux choisis : « il est clair que les objectifs de ce projet sont ceux du secteur privé. Peut-on encore considérer l’INRA comme organisme public ? » (sic !) Ou bien encore : « le rôle de l’INRA est-il de nous spolier en favorisant le brevetage des biens communs, en mettant nos paysans et notre souveraineté alimentaire sous l’emprise du secteur privé, en réduisant la biodiversité cultivée à des semences OGM propices à une agriculture productiviste peu soucieuse des problèmes environnementaux et sanitaires ? » Voilà jusqu’où va le discours des faucheurs volontaires qui n’hésitent pas à en rajouter et à noircir encore davantage leur tableau apocalyptique…
Si le titre de ce billet évoque le « totalitarisme » des faucheurs volontaires, c’est bien entendu en raison de leur refus de tout débat démocratique et de leur extrémisme illustré par une proposition avancée par Mireille Lambertin : « exiger de nos régions et de nos départements que toute contribution de leur part à l’INRA ne soit pas utilisé pour développer les OGM. » Et dire que l’interview avait commencé par dénoncer un « déni de démocratie » et l’absence de débat sur les OGM. En conclusion, Mireille Lambertin explique qu’il faut « soutenir les faucheurs volontaires et l’agriculture bio. » En mettant dans le même panier les faucheurs volontaires et le soutien à l’agriculture bio, Mireille Lambertin tente d’associer le bio au refus des OGM et donc d’associer l’agriculture conventionnelle aux OGM. Voilà une nouvelle « manipulation » qu’il fallait dénoncer.
Au fait madame Lambertin, quelle est votre compétence et légitimité. Depuis quand un médecin généraliste est-il un expert en agronomie ou en biotechnologie ?
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