Arrêtons d’opposer la bio et le conventionnel. ça n’a aucun sens !!

Un ami nous envoie un article qui a été publié dans le journal Le Monde : « Les semences, à la source du goût » (6 juin 2018). La parole est donnée à Catherine Flohic, auteure, journaliste et éditrice, qui a consacré « des mois d’enquête et a rassemblé une quarantaine d’entretiens au long cours pour écrire un livre : Les Semences en questions, de la terre à l’assiette.

Il y a maintenant une manie qui consiste à opposer les agricultures. D’un côté il y aurait la bio qui serait l’idéale et de l’autre le conventionnel, forcément trafiqué en laboratoire. C’est une belle illusion ou une ignorance flagrante. Car les laboratoires de l’INRA sont depuis longtemps à l’origine de variétés utilisées en bio ou non. Comme par exemple le triticale, un croisement entre le seigle et le blé, très cultivé en bio. Ainsi Pierre-Henri Gouyon, présenté comme biologiste dans l’article du Monde mais qui est aussi un soutien actif des Faucheurs volontaires confond les genres. Il délaisse sa casquette de scientifique pour endosser celle du militant environnementaliste en disant : « il y a aujourd’hui d’autres techniques comme la mutagenèse, qui induit volontairement des mutations génétiques dans un organisme. L’industrie prétend que c’est ce que fait la nature, mais ces manipulations n’ont rien de naturel. Cela leur permet surtout de breveter la semence… C’est là, selon moi, le problème majeur des OGM, dissimulés ou non. ». C’est tout simplement faux. Ce n’est pas un problème en soi. Les faucheurs volontaires vont-il occuper les magasins Biocoop, Léa Nature par exemple ?

Le journal Le Monde s’égare ensuite complètement lorsqu’ il dit : « il est urgent de remettre de la diversité dans les champs, librement, avec des semences paysannes qui s’adaptent aux conditions variables et aux terroirs différents, et savent mieux résister aux maladies, sans recours à la chimie. « La stratégie de l’homogénéité maximale est contraire à toute agriculture durable, et pourrait même mener à une véritable catastrophe, alerte M. Gouyon. Si tout est pareil dans les champs, un seul pathogène pourrait engendrer une épidémie dévastatrice. ».

La diversité ne vient pas forcément des semences paysannes. Les paysans que nous sommes demeurent encore libres de faire eux-mêmes leurs semences ou de recourir à des semences certifiées. Le fameux catalogue des semences tant décrié par les faucheurs volontaires est au contraire un bon moyen de préserver cette diversité. Et quand on parle « d’homogénéisation » de l’alimentation, cela ne vient surement pas du monde agricole. Il n’y a qu’à se promener dans des étals pour observer une immense diversité de variétés et de produits.

 

Source : https://abonnes.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/06/07/les-semences-a-la-source-du-gout_5311169_4497540.html

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