Grenoble : un séminaire sur les sciences un peu court en bouche

Sur internet, nous avons pu lire un compte-rendu d’un séminaire présenté par un certain Christophe Baticle le lundi 8 octobre 2018, à la Maison des Sciences de l’Homme de Grenoble. Le sujet concerne la science et ses contestations.

Après avoir parlé des chasseurs qui « font usage de connaissance scientifique très tôt », l’auteur aborde le sujet, du côté des sujets agricoles. Il prend l’exemple des VrTH (variétés rendues tolérantes à un herbicide) que nous connaissons bien ! Mais notre auteur fait de grosses approximations du type : « Les VrTH, ces espèces végétales mutées de manière artificielle ».

Pas forcément ! Les scientifiques nous expliquent qu’il existe la mutagénèse aléatoire et la mutagénèse dirigée. La mutagénèse existe naturellement dans la nature. Les gènes mutent tout simplement dans la nature. Et c’est l’honneur des scientifiques de repérer ces phénomènes pour ensuite les reproduire en laboratoire.

Un peu plus loin : « les espèces VRTH sont en effet tolérantes au glyphosate ainsi qu’à d’autres pesticides ». Faux.

Les VRTH que nous pouvons utiliser ne sont pas tolérants au glyphosate. Ce dernier est un désherbant total et si nous l’utilisions sur nos cultures de tournesol ou de colza, il n’y aurait plus de culture du tout… !

Encore : « il existe également une inquiétude de la part des agriculteurs, face à l’utilisation des VrTH. ».Il faudrait que l’auteur nous fasse part de ses sources pour se permettre d’avancer cette affirmation. Son propos n’est pas précis : certains agriculteurs ont besoin de VTH pour désherber leur champ, notamment dans des situations difficiles, d’autres n’en n’ont absolument pas besoin car ils ne cultivent pas d’oléagineux, d’autres ont leurs habitudes et ne souhaitent pas les changer, d’autres enfin ne voient pas l’intérêt pour eux…

On aurait aimer lire un compte-rendu un peu plus rationnel.

 

La créativité littéraire des faucheurs masque leur délinquance

La créativité littéraire des Faucheurs volontaires n’a pas de limite. C’est toujours une source d’étonnement de voir combien ce groupuscule vieillissant est capable de transformer la réalité. Ainsi donc 70 militants environnementalistes ont déposé le 16 octobre dernier leur nom au tribunal de Rodez pour revendiquer le saccage de 2 hectares de tournesol opéré le 15 août 2018.

- Ils disent avoir « neutralisé » une parcelle. Comme s’il s’agissait d’une bombe nucléaire. A les lire, on a l’impression qu’ils sont intervenus pour sauver Hiroshima.

- Ils se présentent comme « lanceurs d’alerte ». Tiens, cela pourrait donner des idées aux délinquants du 31 réveillon de la Saint Sylvestre qui pourraient revendiquer leur vandalisme au nom d’une pseudo alerte en vue de neutraliser les véhicules qui sont des polluants notoires…

- Ils se disent « non violents »… 2 hectares de tournesol ravagés, le travail d’agriculteurs saccagé… N’est-ce pas violent de détruire une récolte ?

- On apprend ainsi que l’action des Faucheurs est « solidaire ». Et quoi d’autre encore : charitable, joyeuse, bienveillante… ?

Les Faucheurs Volontaires disent assumer leurs actes ? On attend toujours qu’ils se dénoncent dans l’affaire d’un champ de tournesol de 11 hectares saccagé, chez l’un de nos collègues paysans en 2011. Ils ont agi de nuit, masqué. Pour ne pas être vu. Comme des délinquants…

Les activistes végans ne sont pas des « crétins » mais des délinquants

Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde… Voilà que la tête de liste écologiste pour les européennes Yannick Jadot (EELV), même s’il condamne « sans ambiguïté » les attaques de boucheries perpétrées par des activistes végans, les qualifie de « crétins ». C’était sur France info le 12 octobre dernier. Sauf que Monsieur Jadot, ces activistes ne sont pas des crétins mais des délinquants. Il est important de bien qualifier les faits dont se rendent responsables ces militants environnementalistes sous peine de croire que vous êtes légèrement complice…

Destruction d’un champ de tournesol : les Faucheurs doivent être condamnés

Le gouvernement devrait avoir conscience que non seulement les Faucheurs Volontaires sont des délinquants violents mais que rien n’arrêtera leur surenchère. C’est ce que montre le saccage d’un champ de tournesol qui s’est produit du 31 juillet au 1er août dernier à Tour-Sur-Orb (34). Le mode d’action est le même : une opération de nuit et masquée. Leur revendication est toujours la même : dénoncer les OGM qui seraient cachés en demandant rien de moins que « les municipalités arrêtent de fermer les yeux (…) et fassent détruire ces champs » ! Rien de moins ! La question de la mutagénèse, et celles des Variétés Tolérantes au herbicides n’est qu’un prétexte pour ces militants environnementalistes. Ils cherchent à imposer par la force leur vision de la société : la décroissance. Ces militants ne connaissent rien aux pratiques agronomiques étant pour l’immense majorité d’entre eux étrangers au monde agricole. Ils cherchent une victoire en obtenant un moratoire contre les cultures issues de la mutagénèse. Une fois ce moratoire obtenu, ils passeront à un nouveau combat contre l’agriculture.

Arrêtons d’opposer la bio et le conventionnel. ça n’a aucun sens !!

Un ami nous envoie un article qui a été publié dans le journal Le Monde : « Les semences, à la source du goût » (6 juin 2018). La parole est donnée à Catherine Flohic, auteure, journaliste et éditrice, qui a consacré « des mois d’enquête et a rassemblé une quarantaine d’entretiens au long cours pour écrire un livre : Les Semences en questions, de la terre à l’assiette.

Il y a maintenant une manie qui consiste à opposer les agricultures. D’un côté il y aurait la bio qui serait l’idéale et de l’autre le conventionnel, forcément trafiqué en laboratoire. C’est une belle illusion ou une ignorance flagrante. Car les laboratoires de l’INRA sont depuis longtemps à l’origine de variétés utilisées en bio ou non. Comme par exemple le triticale, un croisement entre le seigle et le blé, très cultivé en bio. Ainsi Pierre-Henri Gouyon, présenté comme biologiste dans l’article du Monde mais qui est aussi un soutien actif des Faucheurs volontaires confond les genres. Il délaisse sa casquette de scientifique pour endosser celle du militant environnementaliste en disant : « il y a aujourd’hui d’autres techniques comme la mutagenèse, qui induit volontairement des mutations génétiques dans un organisme. L’industrie prétend que c’est ce que fait la nature, mais ces manipulations n’ont rien de naturel. Cela leur permet surtout de breveter la semence… C’est là, selon moi, le problème majeur des OGM, dissimulés ou non. ». C’est tout simplement faux. Ce n’est pas un problème en soi. Les faucheurs volontaires vont-il occuper les magasins Biocoop, Léa Nature par exemple ?

Le journal Le Monde s’égare ensuite complètement lorsqu’ il dit : « il est urgent de remettre de la diversité dans les champs, librement, avec des semences paysannes qui s’adaptent aux conditions variables et aux terroirs différents, et savent mieux résister aux maladies, sans recours à la chimie. « La stratégie de l’homogénéité maximale est contraire à toute agriculture durable, et pourrait même mener à une véritable catastrophe, alerte M. Gouyon. Si tout est pareil dans les champs, un seul pathogène pourrait engendrer une épidémie dévastatrice. ».

La diversité ne vient pas forcément des semences paysannes. Les paysans que nous sommes demeurent encore libres de faire eux-mêmes leurs semences ou de recourir à des semences certifiées. Le fameux catalogue des semences tant décrié par les faucheurs volontaires est au contraire un bon moyen de préserver cette diversité. Et quand on parle « d’homogénéisation » de l’alimentation, cela ne vient surement pas du monde agricole. Il n’y a qu’à se promener dans des étals pour observer une immense diversité de variétés et de produits.

 

Source : https://abonnes.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/06/07/les-semences-a-la-source-du-gout_5311169_4497540.html