Courrier de réaction envoyé à La Nouvelle République

Madame, Monsieur,

C’est toujours avec plaisir que je suis l’actualité sur la Nouvelle République.
Même si je suis d’Indre-et-Loire, permettez-moi de réagir à un article publié le 23 avril dernier dans le département de l’Indre : « la face cachée des OGM »
Nous sommes plusieurs agriculteurs à avoir été victimes des Faucheurs Volontaires. Faute de trouver des OGM cultivés sur le sol français – il n’y en a plus depuis le moratoire de 2008 – ces militants en ont inventé : « les OGM seraient cachés » !

Nous autres agriculteurs avons subi depuis 2010 des destructions de nos champs de tournesol. Ces saccages ont été menés parfois de nuit selon des méthodes commandos parfaitement rodées.

André Puygrenier, qui est cité dans l’article est présenté comme « co-organisateur du collectif de l’Appel de Poitiers ». En réalité, il s’est introduit dans nos parcelles et les a saccagées. Sa condamnation a été aggravée en Appel en juin 2014 .

Il est stupéfiant de voir des Faucheurs volontaires venir doctement donner des conférences au grand public sans que celui-ci ne puisse entendre une autre voix ! Cela me fait penser à un délinquant qui donnerait une conférence sur la nécessité de voler autrui ou de détruire les voitures à la Saint Sylvestre !

Car sur le fond, ces fameux OGM cachés existent depuis plus de 50 ans et ont été développé par la recherche publique (INRA). Les agriculteurs bio ou conventionnels utilisent des variétés qui en sont issues (triticale, carotte, choux, haricot, laitue, melon, piment, tomates… !). Les forsythia avec leurs belles couleurs jaunes sont issues de la mutagénèse. Idem pour les chèvrefeuilles qui sentent si bons !!
Les faucheurs volontaires vont-ils aussi les saccager ????

Agriculteurs victimes de ces délinquants, nous restons à votre disposition pour poursuivre cet échange si vous le désirez.

Cordialement,

Fabien Labrunie, agriculteur en Indre-et-Loire
Et l’équipe des cultivateurs victimes des Faucheurs Volontaires

Ignorance crasse et violence des faucheurs

1,26 hectares, 120 variétés détruites sur des essais officiels dits VATE (Valeur Agronomique, Technologique et Environnementale), 120 autres variétés saccagées sur des essais de contrôle variétal à la Pouèze dans le Maine et Loire. Les Faucheurs volontaires délinquants ont mené une opération commando dimanche de Pâques sur un site agricole supervisé par le Ministère de l’agriculture. Cette action est ressentie comme une grande violence par la recherche publique, les scientifiques et les agriculteurs. Comment justifier le recours au vandalisme d’autant plus que le GEVES (Groupe d’Etude et de Contrôle des Variétés et des Semences) détaille la démarche de dialogue et de transparence établie avec les faucheurs volontaires eux-mêmes ! Une présentation avait d’ailleurs été organisée par le GEVES lui-même !

Comment justifier ces destructions et le saccage de toutes ces variétés ? Certaines étaient issues ces semences tolérantes aux herbicides. C’est la fameuse mutagénèse dénoncée par les faucheurs. Faut-il rappeler que cette technique a été mise au point il y a 80 ans puis développée par l’INRA. C’est une technique utilisée largement en agriculture biologique et conventionnelle.

Nous autres agriculteurs qui avons subi dans le passé la violence des faucheurs volontaires, ces saccages menés selon des méthodes commandos parfaitement rodées sont inadmissibles. Le traumatisme causé par ces vandales à l’été 2010 dans nos champs demeure toujours !

La tribune des idéologues

Tribune contre les tournesols et colza tolérants aux herbicides sur libération.fr (20/03/2015)[1] :

Au lieu de saccager les champs de paysans, les ONG feraient mieux de connaître la réalité des exploitations agricoles !

 

Des ONG écologistes ont publié vendredi dernier une tribune scandaleuse sur le sitewww.liberation.fr pour demander la suspension de la culture de tournesol et colza tolérants aux herbicides.

 

Ces signataires encouragent la violence.

Ils poussent les faucheurs volontaires à des actes de destruction. Les paysans de Marre des Faucheurs ont subi depuis 2010 le saccage de leurs champs de tournesol. Ces destructions ont été menées parfois de nuit selon des méthodes commandos parfaitement rodées.

 

En réalité, c’est une tribune de décroissants.

Leur refus du progrès est incompréhensible. Alors que les agriculteurs ont besoin de solutions techniques et d’innovations, eux, s’opposent. Ce sont des « anti-tout ». Ils veulent faire barrage à des solutions issues de la mutagénèse qui a été développée depuis plus de 50 ans par la Recherche publique (INRA). Leur opposition systématique à toute innovation est incompréhensible alors que les VTH ont leur place dans le développement de l’agriculture, dans la gestion des mauvaises herbes, dans le contrôle de l’ambroisie, plante invasive et allergène. Les agriculteurs doivent en effet faire face au développement de nombreuses plantes invasives en raison des évolutions du climat. Par ailleurs, le tournesol a besoin d’être soutenu par ces solutions pour sortir d’impasses techniques.

 

« Nous sommes inquiets de voir toujours les mêmes idéologies se réveiller. Elles bloquent l’agriculture française. Elles constituent une menace pour nos exploitations. Les Français n’ont pas besoin d’idéologues, ni de marchands de peur. Ils ont besoin d’agriculteurs qui produisent en France des aliments de qualité et qui se battent contre la concurrence mondiale des produits importés ».

Marre des Faucheurs : Nous sommes plusieurs agriculteurs à avoir subi depuis 2010 des destructions de nos champs de tournesol. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus accepter le discours des Faucheurs et leur diktat qui relèvent d’une manipulation doublée d’une grande violence. C’est pourquoi, nous prenons la parole. Marre des Faucheurs est un groupe d’agriculteurs victimes de ces extrémistes écologistes. Autour de Fabien Labrunie, producteur en Indre-et-Loire, ces agriculteurs veulent montrer le double visage des Faucheurs volontaires : des délinquants écologistes et des incompétents en matière d’agronomie. Marre des Faucheurs rassemble des paysans qui ont subi des destructions dans l’Allier, l’Isère, le Rhône, la Drôme et l’Indre-et-Loire.

 


[1] http://www.liberation.fr/debats/2015/03/20/colzas-et-tournesols-genetiquement-modifiesla-contamination-a-commence_1224897

Marre des Faucheurs sur RMC

Fabien Labrunie était l’invité de l’émission Carrément Brunet à l’occasion du salon de l’agriculture. Réécouter l’émission :

Capture d’écran 2015-02-27 à 12.02.53

La maladie des anti-tout ? La lecture partielle de Paul Le Hire du Monde

« Comment des OGM cachés arrivent sur le marché ». C’est le titre, sans point d’interrogation, d’un article publié hier dans Le Monde. Paul Le Hir, le journaliste, annonce la culture d’OGM cachés en France et surtout l’arrivée de nouveaux OGM. Vu la première partie de son papier, il est clair que Monsieur Le Hir n’a pas dû beaucoup travailler le sujet. Il s’est contenté d’un simple copier-coller de la prose des faucheurs volontaires ; ceux-là même qui sont venus faucher chez moi en 2010.
Pour le journaliste du Monde, les plantes tolérantes sont simplement synonymes de  « plus de pesticides ». Il aurait pu faire quelques recherches sur les utilisations de la technologie de la mutagénèse comme par exemple les tournesols oléiques ou la betterave sucrière. Prenons me cas de la betterave : dans la logique des faucheurs volontaires (et de Paul Le Hir), les scientifiques qui ont découvert les graines monogerme génétique doivent être condamnés puisqu’en favorisant la suppression du démariage, ils ont fait du tort à l’emploi ! Cela dit, je voudrais bien les voir les écolos dans les champs de betteraves à faire du démariage…
Ce qui est récurrent chez nos camarades faucheurs c’est leur capacité à ne lire qu’a moitié ou uniquement ce qui les intéresse. Si on devait dessiner la réglementation européenne sur les OGM, elle aurait la forme d’un entonnoir. En haut, une définition large pour ensuite article par article arriver à une définition juridique précise. Cette forme d’écriture est-elle une spécificité à la réglementation OGM ? Non.
Prenons le code pénal sur la dégradation en réunion (cas de fauchage d’une culture) : à l’article 1 (Article 322-1 ), il est précisé un montant d’amende (30.000 €) ainsi qu’une peine de prison (3 ans) sauf s’il n’en est résulté qu’un dommage léger. Si vous continuez la lecture du code pénal, vous verrez que pour une série de cas particuliers les peines sont modulées, en plus ou en moins. Cet exemple montre qu’il faut toujours avoir une lecture complète d’un texte. Force est de constater que le journaliste du monde ne se prête pas à ce type de démarche. Dommage pour la crédibilité de son papier.
Le reste de l’article présente de nouvelles technologies de biologie moléculaire. Bien évidement les petits savants des faucheurs volontaires annoncent la fin du monde. Heureusement le journaliste a interrogé l’INRA (il a fait l’effort, histoire de crédibiliser son papier).).
Il est dommage que le Monde se livre à ce type de démarche surtout que c’est le même journal qui m’a fait découvrir qu’une des technique contestée par nos zozos était l’œuvre d’une chercheuse française.

Alors Paul Le Hir, il serait préférable de lire les articles de la rubrique Sciences du Monde plutôt que les tracts des militants écolos…