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Quand le discours idéologique remplace la réalité agronomique

CQFD : les arguments “anti-tout” ne sont en réalité qu’une diatribe anti-capitaliste. On le savait mais là, ça mérite d’être souligné. En témoigne ce bel article « OGM et artificialisation au cœur du vivant : un capitalisme débridé »1. Infrastructures, numérique, biotechnologies, OGM, NGT… tout y passe. Avec un dada : faire peur. La réalité agricole n’est pas décrite. Elle est caricaturée. 

On a toujours droit au délire anti NGT et VTH, armes de “privatisation du vivant”. Tremblez brave gens. Ben voui, on ne va pas vous dire qu’il s’agit d’outils agronomiques encadrés, développés depuis des années par des instituts publics et privés, soumis à des réglementations strictes, et évalués scientifiquement. Le militant ne comprendrait pas. Trop compliqué pour lui.  

Et puis, on a toujours droit à la diatribe : la « nature », c’est bien, L’« innovation » est une illusion dangereuse. Au fait, ça ne vous dit rien que l’agriculture elle-même est, depuis 10 000 ans, une forme assumée d’intervention humaine sur le vivant pour nourrir les sociétés. 

Plus sérieusement mais si c’est tout est sérieux dans ces lignes, la sélection variétale et les progrès agronomiques nous ont permis de produire plus avec moins : moins d’eau, moins d’intrants, moins de surface, tout en maintenant une production de qualité.  

Chers militants alters : comment fait-on face à la sécheresses, ravageurs, pertes de rendements, concurrence mondiale. Ah oui c’est vrai, on change de “modèle” ! 

Bref, les chiens hurlent, la caravane passe. Mais faudrait pas que les chiens viennent mordre. Parce que nourrir un pays, ce n’est pas une idéologie : c’est une responsabilité. 

Du champ à la loi : quand l’idéologie menace les outils des agriculteurs

À l’heure où le Conseil constitutionnel s’apprête à se prononcer sur la proposition de loi « contraintes agricoles », une question cruciale se pose : voulons-nous garantir aux agriculteurs les moyens de produire durablement, ou laisser l’idéologie prendre le pas sur la science et le terrain ?

Les agriculteurs, premiers concernés… et premières victimes 

Sur le terrain, les enjeux sont concrets. Protection des cultures, résistances aux bioagresseurs, adaptation au stress hydrique : ce ne sont pas des concepts de salon, mais des réponses indispensables pour continuer à produire dans un contexte de plus en plus hostile. 

La perte de solutions techniques et les évolutions climatiques, nous laisse de moins en moins de marge de manœuvre. Les innovations variétales ne sont pas des gadgets, ce sont des outils au même titre que le tracteur ou la station météo. 

L’insécurité réglementaire : une nouvelle forme de décroissance imposée 

Ce qui est en jeu dans cette loi, ce n’est pas une dérive technologique incontrôlée. C’est la capacité à innover en sécurité juridique. Aujourd’hui, les semenciers, les instituts techniques, les coopératives hésitent à développer ou diffuser certaines variétés par peur de requalifications juridiques, de vandalisme ou de polémiques publiques. 

Résultat : la France se prive d’outils validés scientifiquement, pendant que d’autres pays avancent. Et les agriculteurs français, eux, se retrouvent en compétition avec des productions venues d’ailleurs, plus souples, mieux équipées, plus résilientes. 

Refaire de la science une boussole politique 

L’objectif de la loi Duplomb est simple : remettre la science, le droit et l’agronomie au cœur des décisions. 

C’est aussi une manière de reconstruire la confiance entre les producteurs, les chercheurs et la société, en sortant du soupçon généralisé. 

Ce que nous demandons : des règles claires, un cap assumé :  

  • Des outils validés, encadrés, lisibles juridiquement. 
  • La fin des amalgames entre mutagénèse, édition génomique et OGM transgéniques. 
  • La possibilité de produire avec efficacité, sobriété, et responsabilité. 

Nous ne pouvons pas bâtir une souveraineté alimentaire sur des interdits, des fantasmes ou des slogans. Il est temps que la loi protège ceux qui cherchent, qui innovent, qui sèment — pas ceux qui détruisent, bloquent ou stigmatisent. 

Ambroisie : un fléau qui dépasse les champs

Entre menace agronomique, risque sanitaire majeur et pression réglementaire croissante, la lutte contre l’ambroisie ne peut se faire sans un arsenal complet, incluant les variétés tolérantes aux herbicides (VTH). 


Un ravageur des cultures… et de la santé publique 

Chaque été, l’ambroisie fait son retour dans les cultures, les jachères, les friches ou les accotements. Cette plante invasive ne se contente pas de concurrencer les cultures – en particulier le tournesol, le maïs ou le soja – en les privant de lumière, d’eau et de nutriments. Elle libère également un pollen hautement allergisant. L’ANSES estime qu’environ 3,5 millions de personnes en France y sont sensibles, avec un coût sanitaire évalué à plus de 40 millions d’euros par an. 

Dans certaines régions, notamment Auvergne-Rhône-Alpes ou Bourgogne-Franche-Comté, les pics polliniques atteignent des niveaux alarmants, provoquant rhinites, conjonctivites, voire asthme chez les populations exposées. 

Une menace agronomique grandissante 

Dans les champs, l’ambroisie est un cauchemar. Elle prolifère rapidement, réduit nos rendements de façon drastique (jusqu’à 30 % de pertes sur le tournesol), et complique les rotations. Sa résistance croissante à plusieurs modes d’action herbicide aggrave encore la situation. 

Les VTH (variétés tolérantes aux herbicides) ont apporté une réponse ciblée et efficace : elles permettent l’usage d’herbicides sélectifs en postlevée, avec un effet spécifique sur l’ambroisie. En combinant des leviers agronomiques (rotation, faux-semis, travail du sol) et les VTH, nous parvenons à contenir les infestations, là où les moyens classiques échouent. 

Environnement et cohérence réglementaire : l’équilibre est fragile 

Certains idéologues, comme les faucheurs volontaires, voient dans les VTH une impasse technique, ou un recul environnemental. Pourtant, en réduisant les passages mécaniques et en ciblant mieux les traitements, les VTH nous permettent de limiter l’usage global d’herbicides et d’éviter des traitements généralisés inefficaces. 

Nous ne revendiquons pas un modèle unique, mais un accès à toutes les solutions efficaces, dans une logique de lutte intégrée.  

Un danger réglementaire : l’ombre de la catégorie 2 

Selon la rédaction actuelle et les discussions autour de la proposition du règlement NGT, les VTH sont classées dans la catégorie 2, c’est-à-dire assimilées aux OGM. Cela impliquerait des procédures longues, coûteuses, et probablement inaccessibles pour les VTH développées par sélection conventionnelle mais avec des marqueurs de tolérance issus de la mutagenèse. 

En clair, l’Europe risque de s’auto-priver d’un outil majeur de gestion des adventices, au nom d’une lecture idéologique de la réglementation. Ce serait un non-sens alors que l’ambroisie progresse, que les résistances se multiplient, et que les moyens de protection diminuent. 

Des choix à faire : agriculture ou dogmatisme ? 

Il ne s’agit pas ici de promouvoir un modèle unique, mais de rappeler une réalité de terrain. Nous ne pouvons pas lutter à mains nues contre l’ambroisie. Refuser les VTH, c’est renoncer à un des rares leviers encore efficaces dans une approche raisonnée. 

La lutte contre l’ambroisie n’est pas un caprice technique : c’est une urgence de santé publique, un enjeu agricole concret et une décision politique à assumer. 

Faucheurs volontaires : quand on fauche la réalité agronomique, on piétine les agriculteurs.

À chaque avancée, à chaque outil susceptible de nous aider à produire mieux, plus durablement et avec moins d’intrants, surgit une meute d’idéologues venus arracher, bloquer, casser.

Dernier épisode en date ? Une manifestation de soutien à un faucheur volontaire mis en garde à vue dans le cadre de son action de destruction de parcelles de tournesols dans l’Aveyron il y a cinq ans.

Ils crient à l’injustice. Nous, à l’hypocrisie.

On connait par coeur leur rengaine. C’est “Non, non, non” disent-ils. A quoi au fait ? Aux VTH. Allô les Faucheurs, vous n’avez que ça à faire ? Toujours le Variétés tolérantes aux herbicides.

Ils répètent en boucle qu’elles seraient des « OGM cachés”, refusent d’écouter la science, d’écouter l’Anses. Pire : se moquent comme de leur sabot des agriculteurs. S’il doit y avoir débat, ce n’est pas à coup de faucilles (et de marteau…)… En réalité, les faucheurs n’en veulent pas… Bien incapables qu’ils sont de parler d’agronomie. Sauf peut-être un ou deux d’entre eux qu’on met en avant…

NGT : l’Europe tergiverse, pendant que le terrain attend

Le 30 juin prochain, les institutions européennes vont à nouveau se réunir pour tenter de trouver un accord sur le sort des Nouvelles Techniques de sélection (NGT). Selon de nombreuses sources, les discussions risquent de patiner et aucun accord ne devrait être trouver avant le début de la prochaine présidence européenne.

Pendant ce temps, les agriculteurs d’Amérique ou d’Asie avancent, ont déjà mis en place des régimes favorables à l’utilisation des NGT, en particulier via l’édition génomique (mutagénèse ciblée).

Qu’attendons-nous ? Que nos exploitations dépérissent à petit feu, à force d’interdictions pendant que les étals se remplissent d’importations issues de ce qu’on nous interdit en France ?

Laissez-nous produire !
Il est temps d’arrêter les beaux discours sur la souveraineté alimentaire, si dans le même souffle on laisse des activistes ruiner les essais, et qu’on refuse de nous autoriser l’innovation.
• Laissez-nous produire, avec des outils sûrs, validés, encadrés.
• Punissez les destructions de champs.
• Donnez-nous accès aux nouvelles technologies si l’Europe veut vraiment garder une agriculture résiliente.
• Écoutez ceux qui sèment, pas ceux qui fauchent.

L’issue du débat sur la proposition de loi visant à lever les contraintes liées au métier d’agriculteur donnera déjà le ton…

Pourrons-nous encore produire demain ?

Depuis quelques semaines, les discussions se cristallisent autour de la proposition de loi dite « Duplomb » avec tous les rebondissements que l’on connait. Dans le même temps, les négociations européennes sur le règlement concernant les Nouvelles Techniques Génomiques (NGT) sont entrées dans la phase des trilogues. Mais selon plusieurs sources, aucun compromis n’est attendu avant la fin de la présidence polonaise de l’Union. Autrement dit : on parle, on discute, on reporte. Et pendant ce temps ? 

Nous devons continuer à semer, produire, protéger nos cultures et récolter. Mais que pourra-t-on encore le faire demain ? Quels outils aurons-nous le droit d’utiliser ? Et avec quelles garanties, quels soutiens ? 

L’agriculture ne se mène pas à coups d’incertitudes. Nos décisions s’inscrivent dans le temps long. Chaque culture préparée aujourd’hui engage des mois d’efforts, des investissements, des risques. Et pourtant, les débats législatifs actuels semblent ignorer cette réalité. On promet des alternatives, mais sans calendrier. On nous retire des outils, sans solution concrète. À cela s’ajoute une autre actualité réglementaire qui alimente les interrogations : en avril, un décret encadrant l’usage des Variétés Tolérantes aux Herbicides (VTH) a été publié. Si l’objectif affiché est de renforcer la traçabilité et la transparence, il n’en reste pas moins que ce texte soulève de nombreuses questions sur le terrain. Certaines filières s’interrogent sur la faisabilité des mesures. Nous craignons un cadre qui complexifie l’usage de ces variétés, pourtant utiles dans certaines situations de rotation ou de lutte contre les adventices résistantes. 

On ne peut jouer ainsi avec les nerfs des professionnels ! 

C’est à se demander si les politiques souhaitent vraiment que la France continue à produire, à innover, à se nourrir par elle-même. Et la réponse est…

Aux décideurs politiques d’y répondre !