Entre menace agronomique, risque sanitaire majeur et pression réglementaire croissante, la lutte contre l’ambroisie ne peut se faire sans un arsenal complet, incluant les variétés tolérantes aux herbicides (VTH).
Un ravageur des cultures… et de la santé publique
Chaque été, l’ambroisie fait son retour dans les cultures, les jachères, les friches ou les accotements. Cette plante invasive ne se contente pas de concurrencer les cultures – en particulier le tournesol, le maïs ou le soja – en les privant de lumière, d’eau et de nutriments. Elle libère également un pollen hautement allergisant. L’ANSES estime qu’environ 3,5 millions de personnes en France y sont sensibles, avec un coût sanitaire évalué à plus de 40 millions d’euros par an.
Dans certaines régions, notamment Auvergne-Rhône-Alpes ou Bourgogne-Franche-Comté, les pics polliniques atteignent des niveaux alarmants, provoquant rhinites, conjonctivites, voire asthme chez les populations exposées.
Une menace agronomique grandissante
Dans les champs, l’ambroisie est un cauchemar. Elle prolifère rapidement, réduit nos rendements de façon drastique (jusqu’à 30 % de pertes sur le tournesol), et complique les rotations. Sa résistance croissante à plusieurs modes d’action herbicide aggrave encore la situation.
Les VTH (variétés tolérantes aux herbicides) ont apporté une réponse ciblée et efficace : elles permettent l’usage d’herbicides sélectifs en postlevée, avec un effet spécifique sur l’ambroisie. En combinant des leviers agronomiques (rotation, faux-semis, travail du sol) et les VTH, nous parvenons à contenir les infestations, là où les moyens classiques échouent.
Environnement et cohérence réglementaire : l’équilibre est fragile
Certains idéologues, comme les faucheurs volontaires, voient dans les VTH une impasse technique, ou un recul environnemental. Pourtant, en réduisant les passages mécaniques et en ciblant mieux les traitements, les VTH nous permettent de limiter l’usage global d’herbicides et d’éviter des traitements généralisés inefficaces.
Nous ne revendiquons pas un modèle unique, mais un accès à toutes les solutions efficaces, dans une logique de lutte intégrée.
Un danger réglementaire : l’ombre de la catégorie 2
Selon la rédaction actuelle et les discussions autour de la proposition du règlement NGT, les VTH sont classées dans la catégorie 2, c’est-à-dire assimilées aux OGM. Cela impliquerait des procédures longues, coûteuses, et probablement inaccessibles pour les VTH développées par sélection conventionnelle mais avec des marqueurs de tolérance issus de la mutagenèse.
En clair, l’Europe risque de s’auto-priver d’un outil majeur de gestion des adventices, au nom d’une lecture idéologique de la réglementation. Ce serait un non-sens alors que l’ambroisie progresse, que les résistances se multiplient, et que les moyens de protection diminuent.
Des choix à faire : agriculture ou dogmatisme ?
Il ne s’agit pas ici de promouvoir un modèle unique, mais de rappeler une réalité de terrain. Nous ne pouvons pas lutter à mains nues contre l’ambroisie. Refuser les VTH, c’est renoncer à un des rares leviers encore efficaces dans une approche raisonnée.
La lutte contre l’ambroisie n’est pas un caprice technique : c’est une urgence de santé publique, un enjeu agricole concret et une décision politique à assumer.