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Lorsque des hors-la-loi demandent le respect de la loi

L’état de nécessité a bon dos…

Quinze faucheurs volontaires ont récemment décidé de se pourvoir en cassation, après leur condamnation en appel à 300 euros d’amende avec sursis. Pour rappel, ils étaient poursuivis pour avoir rendu impropre à la vente plusieurs bidons d’herbicides du département, à Foix, en 2016 et 2017.

Ces actes, accomplis en toute illégalité, sont pourtant définis par leurs auteurs de délits relevant de « l’état de nécessité environnementale ». Qui sont-ils exactement pour se donner un droit de dégradation et de le justifier par cette « nécessité » ?

Bien qu’ils revendiquent haut et fort cette forme de militantisme – « Détruire, être attaqués devant les tribunaux et être médiatisés pour faire passer nos messages[1] » – on peut légitiment s’interroger sur la revendication de l’état de nécessité pour détruire, saccager et violer la propriété privée.

Rappelons qu’avant de désobéir à la loi les citoyens doivent utiliser en vain toutes les voies de recours légales.

En définitive, l’expression d’un désaccord ne devrait pas pouvoir se réfugier dans la désobéissance civile, en toute impunité, bafouant la réalité juridique.



[1] La Dépêche, Les « faucheurs fauchés » lancent une collecte de fonds, septembre 2022.

« Anciens » et « nouveaux » OGM : l’obsession des faucheurs volontaires

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En automne 2021, la Commission européenne a lancé une initiative pour un nouvel encadrement des organismes génétiquement modifiés. Depuis, les faucheurs volontaires ne cessent de remettre en question la législation et l’interprétation de l’Etat français du jugement de la cour de justice de l’Union européenne rendu en juillet 2018 à ce sujet, pointant du doigt les variétés tolérantes aux herbicides (VTH) et plus généralement les new breeding technologies (NBT).

Leur infatigable argumentaire :

  • Les plantes issues de nouvelles techniques de modification génétique sont des OGM ;
  • L’Etat français et l’agro-business (industrie semencière et agrochimique) travaillent main dans la main pour détruire le vivant et nourrir leur intérêt financier.

Leur mode d’action, en « bon citoyen » :

  • La violation de la propriété privée (industries et coopératives) ;
  • Le saccage des cultures ;
  • L’absence de dialogue.

… Et comme caution de leur revendication : une désobéissance civile qui serait non violente, pieds et poings liés à l’état de nécessité. Rappelons-le : détruire un champ est un acte de vandalisme et les auteurs sont des délinquants.

Le Collectif Marre des Faucheurs tient donc à rappeler aux faucheurs volontaires que les variétés tolérantes aux herbicides (VTH) ne sont pas des OGM. Ni ancien, ni nouveau. Elles permettent la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires et sont un outil majeur pour lutter contre l’ambroisie, espèce invasive au pollen fortement allergène comme chacun sait. C’est une innovation majeure. Dans certains territoires, ces semences sont parfois les seules alternatives.

Préoccupés par la prolifération de leurs fakenews, les faucheurs volontaires semblent par ailleurs oublier les enjeux majeurs auxquels la France doit faire face. Dans un contexte où la souveraineté alimentaire de la France est largement remise en question, où les dépendances et fragilités se font ressentir – notamment sur l’huile de tournesol avec la guerre en Ukraine -, la question de la production est la problématique d’aujourd’hui.

Ce n’est pas en détruisant des parcelles réduisant ainsi l’expérimentation, la connaissance agronomique et notre travail (!), que les faucheurs volontaires apporteront des solutions pérennes.

Nouveau mandat, même combat

E. Macron

En ce lendemain d’élection présidentielle, le collectif « Marre des Faucheurs » tient à réaffirmer sa position quant à la fermeté que doit avoir le Gouvernement à l’égard des personnes dont l’activité principale s’articule autour de la destruction du travail de ceux qui les nourrissent.

Hier encore des faucheurs volontaires d’OGM se rassemblaient à Figeac pour « dire haut et fort ce que sont ces OGM cachés à la française et qui sont les délinquants ! ».

Enième rappel donc pour les faucheurs volontaires et potentiels futurs délinquants écologistes :

NON, les tournesols ne sont pas « imbibés » de pesticides et issus de semences « mortifères ». Peut-être faudrait-il arrêter d’opposer systématiquement agriculture et écologie. La plupart des actes de saccage des faucheurs volontaires s’exercent sur des parcelles appartenant à des agriculteurs, réduisant à néant l’expérimentation et la connaissance agronomique. Les faucheurs créent une sémantique particulière avec ces termes « imbibés », « mortifères » et créent ainsi un monde qu’il faudrait combattre mais qui… n’existe pas dans la réalité !

NON, l’agriculture « chimique » n’est pas responsable des dérèglements climatiques. L’utilisation de produits de protection des cultures permet bien au contraire d’assurer une exploitation durable des ressources naturelles.

NON, il n’y pas d’OGM cachés : les faucheurs cherchent à imposer médiatiquement cette fakenews. Il n’y a pas d’OGM en France, ils sont interdits !

NON, les OGM ne sont pas des VTH (variétés tolérantes aux herbicides). Les VTH représentent une innovation majeure : elles permettent la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires et sont un outil majeur pour lutter contre l’ambroisie, une espèce invasive au pollen fortement allergène.

Aussi, aux faucheurs volontaires qui proclament que toutes leurs interventions « se déroulent dans le cadre de la non-violence », nous leur rappelons à notre tour que les agressions, les destructions, les tentatives d’intimidation et les menaces sont des actes de violence.

Lutte contre l’ambroisie

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L’ambroisie à feuilles d’armoise est une adventice invasive et hautement allergène. Originaire d’Amérique, elle est très présente en région Rhône-Alpes et s’étend petit à petit à d’autres régions, notamment le Centre-Ouest et le Sud-Ouest.

Une plante nuisible pour la santé humaine mais également pour l’agronomie.

Très présente dans les champs de tournesol et de colza, elle peut entraîner la destruction totale de la récolte. Ainsi pour lutter contre l’ambroisie, des variétés de colza et de tournesol sont rendues tolérantes à des herbicides. Ces VTH représentent, en France, entre 20 et 30% des surfaces de tournesol et 2 à 5% des surfaces de colza.

Cette variété de semence VTH représente une solution majeure pour optimiser l’utilisation des produits phytosanitaires.

Toutefois, cette pratique fait l’objet de polémique en France, puisque comparée par certaines organisations comme celle de Faucheurs Volontaires, à des OGM, « organisme génétiquement modifié ». Rappelons que la culture d’OGM à des fins commerciales est interdite en France depuis 2008.

Certains vont même jusqu’à prétendre la présence d’« OGM cachés «  et à saccager des parcelles d’essais menés par l’institut technique de la filière oléo protéagineuse situées en Charente et en Meurthe-et-Moselle.

Des VTH essentielles au maintien de la production française de tournesol.

Le tournesol, cultivé sur plus de 700 000 hectares, contribue à assoir son l’indépendance en protéines végétales de la France. Ses avantages : favorable à l’agronomie, demande peu d’eau, bénéfique aux abeilles (ressources mellifères).  Il est donc essentiel de maintenir ces surfaces.

Le Collectif Marre des Faucheurs dénonce toutes les actions de destruction de parcelles et les dénonciations calomnieuses remettant en question l’activité d’agriculteurs responsables. Ces comportements ne doivent pas rester impunis.

A M+1, «nos vœux pour 2022» chapitre 2

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Il y a un mois jour pour jour, le collectif Marre des Faucheurs formulait le souhait que « la France reste un Etat de droit ».

Depuis, s’il n’y pas eu de nouvelles actions de destruction des faucheurs volontaires d’OGM, le ballet des procès bat son plein ; l’occasion pour les faucheurs de se retrouver et d’alimenter leur réseau de militants environnementalistes, hostiles aux agriculteurs responsables.

Dans nos champs, destruction et propos mensongers, en toute impunité.

Affirmant être les auteurs d’un véritable cri d’alerte, caution de leur désobéissance civile, les faucheurs volontaires rendent impossible un quelconque débat démocratique, raisonné, sur les recherches agronomiques pourtant essentiel à l’agriculture française. Confusion entre OGM et VTH[1], dénonciation de tournesols « imbibés » de pesticides, d’aliments « poison » ou de produits toxiques, … Les faucheurs volontaires continuent de mener un faux combat.

Incompétence et discours paradoxal.

Ainsi, alors qu’ils venaient d’envahir le Conseil régional de Rennes, les faucheurs volontaires dénonçaient « la ruine de l’agriculture paysanne, l’endettement des agriculteurs au profit des banques et grandes entreprises de l’agro-alimentaire, la diminution drastique de l’emploi agricole et l’atteinte à la santé des travailleurs et consommateurs. »[2]

Mais qui est-ce qui ruine nos productions en les détruisant ? Qui reste indifférent aux enjeux de santé publique, lorsqu’on sait notamment que les VTH permettent de lutter contre l’ambroisie (plante invasive, hautement allergène) ?

Pour le collectif Marre des Faucheurs, l’enjeu face à l’action des Faucheurs volontaires est multiple : environnemental, agronomique et sanitaire… Il est largement temps que la Justice mette fin à cette délinquance dont les agriculteurs sont les premières victimes.