Deux agriculteurs d’Indre-et-Loire viennent de lancer une pétition pour dire stop aux fauchages et condamner ces actes de « vandalisme », à deux jours du procès en appel de plusieurs faucheurs volontaires qui avaient saccagé leurs parcelles de tournesol en 2010.
Les agriculteurs ont relancé le site qu’ils avaient initié à l’occasion du premier procès à Tours en 2012 – marredesfaucheurs.fr – et ont déjà recueilli plus de 700 signatures. « Ces gens utilisent notre travail pour servir leur propagande. Il ne faut pas se tromper de cible. Ce sont bien nous les victimes, et nous souhaitons que les faucheurs soient à nouveau condamnés », a déclaré Fabien Labrunie, agriculteur à Saint-Branchs (Indre-et-Loire), lors d’une conférence de presse organisée à Tavers (Loiret).
Le procès en appel aura lieu le 9 avril à Orléans. En première instance, deux faucheurs avaient été condamnés à trois mois de prison avec sursis et 5.000 euros de dommages et intérêts pour avoir détruit une parcelle de 6.000 m2 de tournesol lui appartenant, ainsi qu’une autre parcelle de 150 m2 à Sorigny, sur l’exploitation de son collègue Michel Beauchesne. Un troisième prévenu avait été relaxé. Le ministère public, comme les faucheurs, ont fait appel.
Les plants incriminés étaient des tournesols résistants à une variété d’herbicide, produits par les firmes Pioneer et Caussade, et cultivés dans le cadre d’une expérimentation. Ces plantes sont obtenues par mutagénèse, c’est-à-dire par la sélection de gènes mutants, et non par transgénèse (introduction d’un nouveau gène).
Elles sont exclues du champ d’application de la directive européenne sur les OGM, mais les faucheurs jugent ces deux techniques aussi dangereuses l’une que l’autre.
« Ne faisons pas d’amalgame. Nous n’avons rien à cacher, ces plantes sont parfaitement autorisées et contribuent à faire progresser l’agriculture dans le bon sens, par exemple en limitant la quantité d’herbicide nécessaire », a ajouté Fabien Labrunie qui dénonce la volonté des faucheurs « d’interdire toute innovation dans le domaine agricole ».
L’an dernier, les variétés de tournesol obtenues par mutagénèse occupaient environ un tiers des surfaces consacrées à cet oléagineux en France, soit 200.00 ha, contre 30.000 ha en 2010, et la même accélération s’amorce pour le colza, avec environ 15.000 hectares cultivés l’an dernier, soit dix fois plus qu’en 2012, selon les faucheurs.
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