Le 07 juin 2023 – Aujourd’hui se tient le procès de 28 Faucheurs volontaires, convoqués par le tribunal correctionnel de Rodez, pour avoir saccagé des sacs de semences de tournesol. Au cœur d’une actualité sous tensions, notamment pour le secteur agricole, le Collectif Marre des Faucheurs attend de cette prochaine décision de Justice la condamnation de tout acte de destruction, quelles qu’en soient les motivations.
Pour rappel, ces actions de délinquance se sont déroulées en novembre 2021. 80 Faucheurs volontaires pénétraient dans un site du groupe semencier RAGT à Calmont (Aveyron), prônant fièrement une « inspection citoyenne », et éventrant des sacs de plusieurs tonnes de semences de tournesol. Quelques mois auparavant, le même groupuscule détruisait une parcelle de semences de tournesols VrTH (Variétés rendues Tolérantes aux Herbicides) dans une commune de l’Aveyron.
Des accusations hors-sol, conséquences d’une ignorance abyssale
Prétendant faire justice eux-mêmes et rétablir l’Etat de droit, les faucheurs volontaires se cachent derrière leur idéologie verte, radicale et violente. Ils oublient que les variétés tolérantes aux herbicides qu’ils visaient sont une solution agronomique permettant de lutter contre l’ambroisie, espèce invasive au pollen fortement allergène et qui réduit l’utilisation des produits phytosanitaires.
Quant aux accusations portées sur la présence d’OGM, elles sont absurdes puisque ceux-ci sont interdits en France. Les faucheurs volontaires s’obstinent à créer la confusion autour des NBT (New breeding techniques), outils permettant de modifier le génome des plantes sans insertion de gène étranger – et OGM.
La propagande des faucheurs volontaires balaie d’un revers de main plusieurs enjeux – environnemental, agronomique et sanitaire – primordiaux pour la France ; ce qui interroge sur cet état de nécessité, musique de fond des activistes.
Bientôt la fin du permis de détruire ?
Marre des Faucheurs insiste sur le fait que répétition n’est pas caution : ce n’est pas parce que ces activistes réitèrent leurs actions que cela atteste de leur légalité et de leur légitimité.
Les derniers procès des Faucheurs volontaires ont montré que la Justice allait également dans ce sens. Au procès de Dijon (décembre 2022), le Procureur présentait les Faucheurs comme «… un groupe qui dicte où est le bien et le mal… », « …l’embryon d’une forme de totalitarisme… », « … qui ne respecte pas les principes démocratiques… »[1]. Début janvier, lors d’un procès en appel[2], l’avocat général répliquait qu’« il exist[ait] d’autres moyens pour sensibiliser notamment l’action politique ou citoyenne. Un acte de dégradation n’en est pas un »[3].
Les échéances législatives (révision de la directive sur les OGM et question des nouvelles techniques de sélection variétale ; révision des directives de commercialisation et question du contrôle et de la certification des semences et des plants) vont galvaniser ces débats, essentiels, dans les prochains jours. Le Collectif Marre des Faucheurs souhaite qu’ils ne soient pas l’occasion de nouvelles atteintes aux outils de production. Chaque acte de violation et de saccage est un traumatisme pour l’agriculteur ou pour les salariés d’une coopérative. Il existe des voies de recours légales pour porter ses opinions. Quand on prétend agir en « bons citoyens », il s’agirait d’en prendre connaissance.
Marre des Faucheurs : les Faucheurs Volontaires condamnés
« Nous sommes plusieurs agriculteurs à avoir subi depuis 2010 des destructions de nos champs de tournesol. Ces saccages ont été menés parfois de nuit selon des méthodes commandos parfaitement rodées. Nous ne pouvons plus accepter le discours des Faucheurs et leur diktat qui relèvent d’une manipulation doublée d’une grande violence ». Marre des Faucheurs rassemble des paysans qui ont subi des destructions dans l’Allier, l’Isère, le Rhône, la Drôme et l’Indre-et-Loire.
Le 25 mai 2016, la Cour de Cassation a rendu son verdict en rejetant la demande de trois faucheurs volontaires. Les faucheurs volontaires, condamnés à trois mois de prison avec sursis et dommages et intérêts, ont vu leur peine aggravée par 4 000 € de dommages et intérêts supplémentaires soit un total de 11 000 euros pour des saccages de parcelles de tournesol en juillet 2010 près de Tours. Les paysans victimes attendent toujours le versement des sommes.
En août 2017, 62 faucheurs volontaires s’étaient rendus sur des parcelles d’essais agronomiques à Vieillevigne dans le seul objectif de les saccager. Jugés au tribunal d’instance de Toulouse en mars 2022, seuls 3 d’entre eux avaient eu le droit à un procès. Le mercredi 11 mai 2022, le tribunal de Toulouse les a condamnés à trois mois de prison avec sursis et 458 000 euros de dédommagement.
[2] 4 Faucheurs volontaires avaient été condamnés, en 2018, pour avoir aspergé de peinture des bidons de désherbants.